vendredi, avril 15, 2005

Ghetto mental

Décidément le journal de 20 heures de France 2 est une mine d’émerveillement au quotidien.
Ce lundi, un chouette reportage sur le langage des cités, présenté comme tel : « on a beaucoup encensé le parler des cités… », on appréciera le « on », dilution de responsabilités, ce phénomène auquel les journalistes n’ont bien sur que si peu contribué …Mais passons.

Donc dans le dit reportage, on y croise Natacha Polony, dont le très récent livre, Nos enfants gâchés, dénonce l’appauvrissement du langage des jeunes au lieu de l’habituel émerveillement devant autant de créativité (pour éviter de passer pour un vieux con). Emerveillement qui n’est pas sans rappeler celui des adultes devant un bébé babillant trois syllabes.
Et on aperçoit aussi Erik Orsenna (on me pardonnera, je n’ai pas lu un seul de ses livres), qui lui glorifiait le « créatif » (je cite) j’ai la haine et autres joyeusetés.

Et c’est là, où la télé c’est plus fort que toi Erik, où l’image prend le pas sur la parole, où l’image contredit la parole. En effet, nous voyons notre ami Erik qui s’émerveille devant L’esquive, dans une luxuriante bibliothèque, symbole de l’héritage culturel (notion si malmenée en ces temps fillonesques de culture commune) dont il a pu bénéficié, lui.
C’est là où le bat blesse, pour éviter que le lexique ressemble à un ghetto, mener une réflexion sur la créativité, la poésie ou la pauvreté du langage, pour être libre de jouer avec les mots, il faut les posséder, tel est le propos de Natacha Polony.

J’imagine le sourire de Natacha Polony en voyant Erik et ses bouquins…une image vaut parfois mieux qu’un long discours.