samedi, janvier 29, 2005

Insaisissable Nutella

L’Italie c’est quoi ? La dolce vita, la vespa, la Scala, la pasta, le chianti & tutti quanti...Et le Nutella, qui figure en bonne place au panthéon des petites mythologies de l’enfance.
Qu’apprends-je donc dans Libération, comme M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir, adorateurs du Nutella vous êtes de gauche sans le soupçonner…

Souvenez vous de ces week-ends chez mamy papy qui essayaient vainement de vous faire avaler une cuillérée de la « bonne confiture de fraises du jardin faite maison » et que vous protestiez (déjà ??) -à cinq ans on a les causes que l’on peut- et revendiquiez votre Nutella !
Et bien, vous étiez de gauche (tu vois papy, c’est dans les gênes !) …enfin, c’était clair jusque 1994 (désolé papy…), je m’explique : le cinéaste Nanni Moretti, le maire de Rome Walter Veltroni et l’ex directeur de Liberazione, tous s’accordent pour penser le Nutella à gauche…Jusqu'à ce qu’il soit récupéré par la droite et la jeunesse de Forza Italia en 1994…Depuis débats ! En résumé, le Nutella est donc insaisissable et résiste à la récupération socio-politique…

Cette pâte a tartiner mythique vient donc contrarier l’adage dis moi ce que tu manges je te dirais qui tu es ! Remarquez chez nous, on s’y perd un peu aussi…La Gauche serait même devenue caviar paraît-il…

vendredi, janvier 28, 2005

El capitalismo foraneo

El capitalismo foraneo ! [1]


A Davos, on a inventé le capitalisme convivial (désolé mais je ne m’habitue toujours pas à l’occurrence de ce mot dans notre époque ), le capitalisme glamour (plutôt le néo glamour, pas celui d’Audrey Hepburn mais Angelina Jolie pour le HCR, Sharon Stone contre le paludisme, Carole Bouquet et les vins de Lussac Saint Emilion
[2]… et Bono ), le libéralisme qui-a-du-cœur, messieurs dames!
On évoque le « leadership basé sur les valeurs », la « morale », l’ « éthique » .Déjà en1999 Klaus Schwab parlait de « visage humain de la globalisation » (International Herald Tribune, 28 janvier 99 ).
Voila un exemple de plus du négatif dans le contenant, ces "produits qui contiennent l'agent de leur propre négation". Dixit Slavoj Zizek. Le libéralisme éthique c'est comme "le café décaféiné", Homo Modernus strickes again !



[1] gotan project . traduction : le capitalisme étranger. Ne cherchez pas de rapport c’est juste un titre… !

[2] En parlant de Lussac…Jean Patrick, moi aussi je te salue !

jeudi, janvier 27, 2005

Teenage angst

Une jeune fille se serait suicidée et aurait déclaré ses intentions quelques jours auparavant sur son blog…
Pour quelles raisons ? Car c’est un journal intime et on croit au baume cathartique…Peut être aussi parce que l’on a l’illusion d’être lu et entendu et la faiblesse de croire que le virtuel ne l’est pas tant que cela…
L’idée d’un blog peut apparaître très séduisante, une impression de communiquer, d’être connecté au reste du monde…Mais pervers également car on crie dans le désert, ici plus encore.
In deserto clamare, n’était-ce pas en substance ce que nous disait Jean Baptiste Clamence
[1]…Très chère Clémence, pensées pour toi.


[1] La chute. Albert Camus.

dimanche, janvier 23, 2005

Amère Nature



Entendu au Furet du nord à la rencontre avec Jean Pierre Chevènement, je vois votre tête, mais diantre rien de mieux à faire un samedi matin que d’écouter le Che ? Ca vous intrigue ? ( comment créer un suspens…).

Donc une question de l’assistance sur le tsunami, et les potentielles armes biotechtoniques, armes qui permettraient d’agir intentionnellement sur les plaques terrestres. Voilà de retour la bonne vieille théorie du complot ( que ne dément pas le succès en son temps des X files ), de la mort de Diana et Dodi al Fayed jusqu’au plus récent Thierry Meyssan ( On n’aurait pas atteint le pentagone lors du 11 septembre…). Voilà donc la dernière rumeur : l’Homme est responsable du tremblement de terre car l’Homme ne peut se résoudre à accepter que la nature est ainsi faite car l’Homme se sent trahi.
A cette question posée, Jean Pierre Chevènement évoqua, non sans bon sens, « Marâtre nature » et le fatalisme dont il fallait se prémunir.

Pourquoi l’Homme ne semble t il plus pouvoir penser la Nature ? Comment ose-t-elle cette traîtresse déclencher les pires catastrophes ? Au nom de quoi d’ailleurs ?
Qu’on la traîne donc devant les tribunaux ! Qu’on lui tranche la tête ! Mère Nature, bonne mère nourrissante et comblante ! Même le nourrisson sait qu’elle peut être cause de frustration et cruelle…

Comment en est-on arrivé là ? Est-ce par ces vieux réflexes enfantins d’animisme primaire (la nature vue comme une personne et par là même dotée d’intentionnalités ) ou tellement imbu de ses avancées technologiques que l’Homme croit être le seul à faire la pluie et le mauvais temps sur le monde ?
Philipe Muray a la réponse : « Homo festivus croit dur comme fer que la montagne ou l’océan n’ont étés inventés que pour servir d’écrin à la perfection de son divertissement… il ne peut pas envisager que la Nature puisse être tortueuse, vicieuse, compliquée. Sa puérile religion est censée l’assurer contre le hasard et les accidents, ces résurgences d’Ancien Régime, ces spectres d’un temps ou l’on avait pas inventé le risque zéro. »
La Nature se fait entendre, parfois. Les conséquences peuvent être extrêmement cruelles. Mais la Nature n’a pas d’intention. Seuls les hommes sont responsables de crimes contre l’Humanité.

vendredi, janvier 21, 2005

Clochard céleste

"Ce qui n'est pas déchirant est superflu, en musique tout au moins."
-Cioran.


" Candid music " à l’opéra…John Cage, Michael Gordon, Steve Reich, Morton Feldman ( ce dernier à écouter dans des transats au foyer, même ce lieu succombe à la tendance actuelle du nomadisme, relatif certes ) …Et Gavin Bryars en personne.

"jesus’ blood never failed me yet" ( 1970 ) est la phrase
[1] d’un mendiant et non un SDF ( et oui, à l’époque la terminologie déshumanisante politiquement correcte n’était pas encore passée par là ) croisé près de Waterloo Station lors du tournage d’un film d’Alan Power…
Gavin Bryars a improvisé un accompagnement au piano d’abord, puis avec un orchestre par la suite sur base de cette phrase répétée en boucle. La version entendue ce vendredi durait quarante minutes.

L’orchestration de Bryars souligne en pointillé la douce mélopée de cette voix belle à pleurer. On pense alors aux personnages de Selby, de Kerouac, et de tant d’autres…On pense aussi à Jeff Buckley pour l’extase et cette façon de tutoyer les anges.
Bref,contraste avec ce lieu académique, avec la froideur de la déconstruction musicale de Cage et consort.

Le fantôme de l’opéra était donc ce clochard céleste, mort avant d’avoir entendu ce qu’il a inspiré à Bryars.



[1] Jesus' blood never failed me yet
Never failed me yet
Jesus' blood never failed me yet
There's one thing I knowFor he loves me so

jeudi, janvier 20, 2005

Woody's blog

Le blog de Woody Allen n’est accessible que sur grand écran et la chronique de cette année, Melinda & Melinda traite d’une jeune femme sous deux prismes différents, la comédie et la tragédie.

A la question est ce que ça fonctionne ? Eh bien disons qu’on ne distingue pas vraiment dans le film les deux genres... La comédie peut être douce amère, et on est jamais loin du rire dans les scènes dites « sérieuses ». Comme dans la vie, non ?

En parlant de la vraie vie, clin d’œil à E. dans le rôle de la paumée, à L. ( le mari acteur ), à J. ( le musicien ) et F. (le pianiste dans la rue ) et D. et sa lampe art déco !!
Ma pomme s’est aussi reconnue mais taira le nom du personnage…

Toujours au rayon la vie, la vraie, j’ai quelques petites questions à vous soumettre amis lecteurs ( un blog est censé être interactif ) : pourquoi n’y a t il pas de bande son pour accompagner vos pérégrinations ? Pourquoi aucun vieil air de jazz vient naturellement souligner vos propos ? Pourquoi la seule musique qui vous accompagne est celle que vous choisissez de mettre sur votre platine ( ou dans votre iPod pour les bobos ) ou celle que vous subissez dans la rue, dans le métro, à la gare… Pourquoi n’y a t il jamais de sous-titres juste en dessous de vous lorsque vous parlez ? Pourquoi cette absence d’ellipse lors de moments insignifiants ?
Last but not least, qui est le metteur en scène ? ( je vous avais prévenu pour les questions métaphysiques ) Je sais, je sais, il fallait que cette question essentielle soit abordée … Merci qui ?

lundi, janvier 17, 2005

Cogeca...ergo sum

Cogeca est le délicieux nom de l’entreprise où est perdu notre homme moderne, dans le roman de Benoît Duteurtre, service clientèle.
Tout commence par un cadeau de noël, un téléphone portable...ne dit on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions .
L’enfer ici est peuplé de petits objets technologiques ( téléphone donc, interphone, ordinateur, carte de crédit...) interfaces ( protections ? béquilles ? ) entre vous et le reste du monde.

Que faire quand ce superflu devient obligatoire, quand vous ne pouvez rentrer chez vous car le digicode a changé, quand vous oubliez le mot de passe de votre ordinateur…
Que faire quand vous n’avez accès qu’aux répondeurs du service clientèle, ces voix de Minotaure mi humaines mi robotisées, qui scandent dans une neo transe répétitive leur merci-de-patienter-nous-allons-donner-suite-à-votre-appel...
Qui se cache derrière le nom de Dominique Delmarre, une personne, une chimère, une allégorie…
Voilà quelques pistes de Service Clientèle ou Homo Modernus perdu dans les dédales des nouvelles technologies de l’information et de la communication…

Vous l’aurez compris Cogeca est France telecom / Orange à peine maquillé…clin d’œil à ces vendeurs du « communiquons plus », mais de plus en plus difficilement…
Cogeca, emblème de ce nouvel opium du peuple qu’est la communication. Opium, drogue, médicament…confère le choix du groupe « the cure »
[1] par Orange pour illustrer ses spots publicitaires…
France telecom, rappelons le, a choisi le groupe Placebo
[2] : médicament factice…CQFD.






[1] Morceau choisi : close to me …Toujours cette idée de rapprocher les individus… ils auraient pu préférer le plus récent et pertinent « wrong number » !

[2] Placebo, qui étymologiquement signifie « je plairai », quid de l’effet nocebo « je nuis »…

samedi, janvier 15, 2005

Le tourbillon de la vie















On s’est connus…
On s’est reconnus…

On s’est perdus de vue…
On s’est retrouvés…
On s’est réchauffés…
Puis on se sépare,
Chacun est reparti dans le tourbillon de la vie.




S’il fallait n’en garder qu’un, souvenir de ce jour de juillet, Nino Ferrer « pour oublier… », dans ce lieu chargé d’Histoire, et de la notre.

vendredi, janvier 14, 2005

Cher blog, je t'aurai prévenu

Finalement, les blogs sont les nouveaux animaux de compagnie, enfants, nous en réclamions un, mon inclinaison naturelle allait vers les chats, ingrats, indomptables, solitaires et capricieux. Le compagnon idéal. Mais passe vite le temps de l’idylle…
Quelques semaines plus tard, une allergie aux poils de chat se développe, le nourrir devient pénible, une obligation contractuelle.
Quelques semaines plus tard, une allergie aux contacts humains se développe, et il préfère les souris aux croquettes.
Vous vous êtes rencontrés trop tôt. Le chat n’est pas le compagnon de l’enfance.

Quelques années plus tard, vous créez un blog, nouvel objet de compagnie… ad lib.

Oui, un jour je te délaisserai, cher blog, je t’abandonnerai sur une autoroute (de l’information).
Tu erreras dans la vie.com, comme nous tous.


Note : pour ceux qui y verraient une métaphore sur les relations en général…
pour les autres… je ne peux rien pour vous.

jeudi, janvier 13, 2005

Le meilleur des mondes

« Le monde s’écroule, mais le monde c’est quoi… juste une seconde qui n’en finit pas. »
- Julien Baer.

Il y a des jours comme cela où on l’a cette curieuse impression que le monde vous sourit, que cet ingrat, pour une fois, est de votre coté…Tout va bien donc, dans le meilleur des mondes, vous aimez tout le monde et tout le monde vous aime, c’était donc ce mercredi.
Journée chammalow ,ville bonbonnière... Allez savoir pourquoi, est-ce la conjuration de certaines planètes, le beau temps, d’avoir le sentiment d’avoir pris les bonnes décisions, d’avoir fini un cycle, l’âge des possibles…bref.
Pensées donc aux gens croisés ce mercredi, à toutes ces fugaces conversations …
Mille pensées aux amis réunis hier, à L. pour les discussions littérature, à R. pour son bonheur et sa poésie naturelle, à F. pour son charme sur l’assistance, à Fr. pour cette discussion jusqu’au bout de la nuit (et du jour), à S. M. et A. pour les échanges, à M. pour être le seul à apprécier la tapenade, à S. pour le Brésil… aux autres…et à N. pour tout. Et pour avoir évité le syndrome Paul Dedalus
[1].
Demain, le monde boitera à nouveau.
Demain, tout va rentrer dans le (dés)ordre, ouf, il était temps.








[1] Comment je me suis disputé…(ma vie sexuelle), A. Desplechin

mercredi, janvier 12, 2005

bloggance

Bloggance …

N’avez vous pas remarqué que beaucoup des vocables actuels se terminent par « ance » :gouvernance, emigrance (vu à la fnac lille il y a quelques semaines de cela), apprenance …Donc soyons (post ?)moderne et vive la bloggance.

Contenu du blog ?
Raconter sa vie (en la sublimant ?la romançant ? en étant reporter du réel sur sa psyché ??) ses opinions et ses doutes métaphysiques.
[1]

Pour quoi faire ?
Hypothèses :
-pour avoir le droit d’exister sur la toile et de s’ex-pri-mer(la maladie des années 2000?) -par conformisme ?
-par souci de faire parti d’une e-tribu (une de plus),celle des bloggers ?
- pour laisser des trucs à lire à ses enfants plus tard ?
[2](et corollairement leur éviter des anecdotes charmantes puis pénibles puis horripilantes à la centième écoute ?Et oui, c’est du vécu, plutôt du entendu, car pendant ce temps la on ne vit pas ,nous, les enfants)
-pour éviter d’aller chez un psychanalyste, et d’espérer la neutralité bienveillante de ses e-lecteurs ?
-par narcissisme ?
-ennui ?
-parce que moi aussi j’ai le droit de parler de tout et surtout de rien.

A qui s’adresse t il ?
-à tout le monde (donc à personne)
-à vos amis ( quid des degrés d’intimité différents, ces amis qui vont tous savoir la même chose…)
-à vos amis virtuels, de chat, de forums, de news groups…
-à vous (le blog comme espace d’élaboration de votre vie dans un après-coup)
-car vous vouliez être publié, l’auto fiction est tendance, et si Angot le fait, pourquoi pas vous ? Oui ,c’est vrai ça, pourquoi ?

Le style ?
-convivial (tout est convivial de nos jours)
-réactif ? interactif ??
-préférer la pertinence à l’impertinence.

Durée du blog ?
En général quelques mois, mais la durée de vie du blog est calculée comme celle des start-up, c’est à dire en âge chien. (vous multipliez par 6).

Conclusion : un blog de plus sur la toile.








[1] Faites moi penser de vous parler de slavoj zizek et de l’abus de réflexivité
[2] Bien évidemment, l’auteur (c’est dingue ce qu’on se prend vite au jeu) ne veut en aucun cas normaliser les relations selon ce vieux schéma « papa maman enfants » , et sait bien que le couple, comme la famille est deconstruit.